Solutions médicamenteuses

LES SOLUTIONS MÉDICAMENTEUSES

Les médicaments font souvent partis du processus de soin dans le cadre de pathologies psychologiques. Antidépresseurs, anxiolytiques, somnifères, autant de médicaments prescrit pour accompagner les patients vers la guérison. Mais doit-on s’y fier ou s’en méfier ? Sont-ils efficaces ?

MÉDICAMENTS & PSYCHIATRIE

La découverte de médicaments « psychotropes » a été un grand progrès de ces 60 dernières années. Dans les pathologies psychiatriques « lourdes » elle a permis de limiter les temps d’hospitalisation : il n’y a plus de patients hospitalisés à vie. Dans des pathologies plus légères, les troubles anxieux ou la dépression, elle a permis de diminuer le recours à l’automédication par l’alcool et de remettre les patients sur pied plus rapidement. Des familles de molécules de mieux en mieux tolérées ont vu le jour, faisant tomber en désuétude des traitements potentiellement dangereux comme les barbituriques autrefois prescrits comme somnifères…

Actuellement ces médicaments sont victimes de leur succès : bien qu’actifs et bien tolérés, ils sont fréquemment montrés du doigt par les médias et provoquent la méfiance des patients. Les autorités de santé essaient d’en limiter l’usage sans proposer d’alternatives crédibles, les patients sont prêts à avaler des placebos…

Quelles sont les principales catégories de psychotropes ?

  • Les somnifères ou hypnotiques, généralement des « benzodiazépines » ou molécules très proches : zopiclone (Imovane), zolpidem (Stilnox), loprazolam (Havlane)…
  • Les tranquillisants, aussi des « benzodiazépines » : alprazolam (Xanax), bromazepam (Lexomil), clobazam (Urbanyl), diazepam (Valium)…
  • Les antidépresseurs : soit les anciens « tricycliques » comme l’imipamine (Tofranil) ou la clomipramine (Anafranil) ; ou les plus modernes comme la fluoxétine (Prozac), la paroxétine (Deroxat), la venlafaxine (Effexor), la sertraline (Zoloft), le citalopram (Seropram), l’escitalopram (Seroplex), l’agomélatine (Valdoxan), la mirtazapine (Norset)…
  • Les normalisateurs thymiques : le lithium (Théralite), le valpromide (Dépamide), le divalproate (Dépakote), la carbamazépine
    (Tégrétol), le lamotrigine (Lamictal)…
  • Les neuroleptiques ou normalisateurs majeurs : lévomépromazine (Nozinan), chlorpromazine (Largactil), cyamémazine (Tercian), olanzapine (Zyprexa), aripiprazole (Abilify), risperidone (Risperdal)

Quelques idées fausses…

  • Les « antidépresseurs » ne sont pas utilisés que dans la dépression. Ils sont aussi prescrits dans les troubles anxieux : phobie sociale, troubles paniques etc… Ces molécules s’appellent « antidépresseurs » car initialement on a démontré leur efficacité sur la dépression. Donc on peut vous prescrire un antidépresseur même si vous n’êtes pas en dépression !
  • Ce sont les tranquillisants et somnifères, en particulier les « benzodiazépines » qui sont les plus incriminés pour leurs potentiel de « dépendance » ; plus que les antidépresseurs qui peuvent néanmoins provoquer des syndromes de sevrage.
  • L’apparition de symptômes désagréables (sevrage) à l’arrêt du traitement ne veut pas dire qu’on doit le continuer : cela peut être un signe que les doses ont été baissées trop rapidement !

Que penser du risque de dépendance ?

Si vous êtes mieux sous un traitement (par exemple tranquillisant ou antidépresseur), vous allez être tenté de le poursuivre surtout dans la mesure où votre environnement ne change pas, et/ou votre vision des choses n’évolue pas. Accompagner par un abord psychothérapique l’amélioration procurée par le médicament diminue le risque de rechute et donc de prendre ces traitements trop longtemps. Le risque de dépendance existe, pour certaines molécules plus que d’autres, mais il est amplifié si vous restez passif devant votre prise en charge, en vous contentant de vous soigner en avalant des médicaments.

Mon expérience des médicaments psychotropes…

  • J’ai été un consommateur : j’ai utilisé le Prozac lors de mon seul épisode de dépression il y a plus de 15 ans… Le Prozac m’a sorti du trou !! Je l’ai pris environ 6 mois et n’ai jamais pris d’antidépresseur ensuite. A certains moments j’ai utilisé de l’Imovane pour dormir ou du Xanax en cas d’anxiété. Mais actuellement je ne prends plus de psychotropes depuis des années !
  • J’ai été chercheur : après des études de psychopharmacologie, j’ai travaillé sur la recherche médicamenteuse au Canada puis en France, en particulier sur le Xanax et l’Imovane.
  • J’ai été expert : j’ai collaboré quelques temps à la revue « Prescrire » et j’ai participé à l’équipe qui a rédigé le texte officiel du « Bon Usage des Médicaments Antidépresseurs dans le Traitement des Troubles Dépressifs et des Troubles Anxieux de l’Adulte » de l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament (NSM) consultable ici
  • Je suis prescripteur : je prescris des médicaments psychotropes en cas de besoin, si le patient est en situation de blocage ou de souffrance intense.

Que penser des génériques ?

Non les génériques ne sont pas strictement similaires aux produits originaux ! Si les quantités de médicament sont les mêmes, des différences existent sur le mode de fabrication qui peuvent influer sur l’absorption du médicament sans compter des réactions différentes aux excipients (ces molécules qui servent à faire la gélule ou les comprimés…). Toutefois je ne suis pas opposé aux génériques dans la mesure où tout au long du traitement le même générique est délivré par la pharmacie !

Que penser des traitements alternatifs ?

Mon rôle de médecin est de prescrire des traitements qui sont considérés comme efficaces selon des techniques éprouvées de recherche scientifique. Je prescris donc des traitements « classiques » et parfois le Millepertuis.

En conclusion…

Les traitements psychotropes doivent être utilisés, comme tout traitement, en pesant les risques et les avantages attendus. Aucun traitement ne doit être poursuivi sans des consultations de contrôle. Un suivi psychothérapique est hautement recommandé en complément d’une prescription.